THE OWL BAND : Romainville, Aux 3 Comptoirs, 15/9/23
Il faut quand même en vouloir aujourd'hui pour un groupe comme The Owl Band de venir se perdre dans la banlieue parisienne en l'occurrence Romainville, une ville assez quelconque qui, osons-le dire, ne brille pas par son esthétisme. Pour moi, le rock au Havre se résumait principalement à l'impact significatif qu'eut Little Bob Story dans les années 70 et ce, grâce à des albums d'excellente facture. Si l'on y regarde de plus près, ce que je viens de faire soit dit en passant, Le Havre a compté une ribambelle de groupes rock sans doute talentueux mais qui n'ont pas eu l'écho suffisant pour survivre aux affres liées à l'impitoyable monde du show business.
The Owl Band, manifestement monté en 2017, a connu depuis diverses formations pour finalement se stabiliser avec ce redoutable line up :
OLIVIER HY : Chant
LUKA : Guitare
FRANCKY : Guitare
THOMAS BARON : Basse
STÉPHANE « STEFFY » PINGEON : Batterie
https://www.nulrockailleurs.com/theowlband
D'un point de vue discographique, le groupe s'est acquitté de deux EP's intitulés respectivement Airborne (2018) et Rise (2020) puis d'un album tout nouveau tout beau titré Pride. Il me manquait 10 balles pour me les acheter. Je les prendrai la prochaine fois qu'ils passeront. Alors, leur opus s'appelle Pride, eh bien oui, nos amis, ils ont "la fierté" (comment disent les jeunes aujourd'hui), nos cinq amis de venir se produire ici en région parisienne pour présenter leur musique ô combien charnue et percutante malgré une assistance très réduite et ce, grâce à cet album sur lequel le groupe y a engagé toutes ses forces. Puisant à la fois dans le southern rock et californian rock, genre Blackberry Smoke dont ils sont carrément addicts, le quintet peut néanmoins de temps à autre s'éloigner de cette ligne directrice pour s'aventurer vers des contrées plus "commerciales" en reprenant des titres de Joe Cocker, Rick Springfield, Bryan Adams, Thin Lizzy ou des Eagles.
A tout seigneurs, tout honneur, le groupe entame son set sur Let Me Help You des "Smoke", revisité avec panache et énergie à tel point que Steffy, le batteur, cloitré au fin de la modeste scène des 3 Comptoirs, martyrise son kit avec une indescriptible fougue tandis qu'Olivier doté d'une présence sur scène incroyable, aligne les couplets et refrains sans temps mort. On déploie les riffs à tout va mais le quintet ne ploie pas notamment sur le Summer Of '69 de Bryan Adams repris le plus fidèlement du monde.
Luka, le guitariste-soliste ne met pas longtemps pour nous faire étalage de tout son talent de musicien accompli alignant les soli avec une extrême dextérité. Le 2ème six-cordiste, affichant un calme olympien, se charge d'assurer les parties rythmiques avec un brio qui n'a d'égal que le sien et niché au fond à droite de la scène, le bassiste, Thomas affichant en permanence un large sourire, répond avec une précision chirurgicale aux sollicitations de ses compagnons de route.
Nouveauté et actualité obligent, ce sont un Rock In Hell et Shine (une reprise de Mr. Big) issus de Pride qui vont défriser un caniche mal brossé suscitant chez le modeste, "très modeste" public de Romainville un contentement perceptible. Atmosphère bon enfant s'il en est, Olivier n'a de cesse de communiquer chaleureusement avec les "vrais", les "purs" qui sont venus assister à ce concert très peu diffusé, il est vrai. On poursuit dans les covers avec le très beau Bringing Back The Sunshine de Blake Sheldon, un artiste bien trop méconnu qui officie dans la country music. Un autre talent que l'on passe trop sous silence, c'est Rick Springfield qui, depuis le succès de son album intitulé Tao publié en 1985, n'a rien sorti de véritablement marquant du moins à ma connaissance. La reprise De Light The Party Up extrait de Rocket Science (2016) qui en est proposée s'avère être tout bonnement, le groupe démontrant à ce moment précis, que la cohésion est son principal mot d'ordre.
Dans un lieu aussi confiné, le son est peut-être parfois un peu fort. C'est sans compter cependant sur l'énergie de l'ingénieur du son qui effectuera sans relâche des allers et retours entre sa table de mixage et le centre de ce que l'on peut appeler la "fosse" des 3 Comptoirs pour y effectuer quelques réglages.
Nos amis reviennent sur un All Or Nothing de Bryan Adams de fort belle composition pour s'atteler dans la foulée sur le très syncopé Sing A Song. Cela permet à notre artificier en chef, à savoir Luka de s'illustrer une nouvelle fois dans une brillante intervention.
Blackberry Smoke, groupe de référence de nos Normands, est de nouveau mis à l'honneur avec le superbement interprété Prayer For A Little Man. La verve et l'envie de satisfaire l'assistance sont de toute évidence bel et bien présentes et cela, Steffy nous le reconfirmera lors d'un entretien après concert. La 1ère partie du set s'achève sur un excellent All Of These Years.
Après la pause que je n'ai pas minutée, nos amis havrais repartent sur un Run Away From It All des "Smoke". Là, on a affaire à un véritable culte pour l'oeuvre des Géorgiens d'Atlanta et c'est tant mieux car depuis quelques temps, c'est le groupe qui a suscité le plus d'intérêt dans le paysage actuel. N'est pas en reste non plus l'Allman Brothers Band puisque le gang des regrettés Greg et Duane Allman se voit revisité via un bluffant Midnight Rider. Une reprise qui, toujours selon Steffy, fut le fruit de longues heures de répétitions pour en arriver sur une excellente interprétation. Le très accrocheur Child In Your Heart, précédé de Before The Storm suscite un réel enthousiasme du public à l'égard de The Owl Band. Très pros, très concentrés aussi, nos cinq compères se fendent d'un Rosalie version Thin Lizzy. L'un des guitaristes apercevant mon tee-shirt Black Rose se fera un plaisir non dissimulé de m'interpeler. "Attention, les gars, nous avons un fan !!!!!" A la hauteur, ils le furent de toute évidence, s'appliquant à reproduire dans une version particulièrement efficace la trame du morceau qui, après le fameux Cowgirl Song, s'achèvera sur quelques notes de The Boys Are Back In Town.
On retourne du côté d'Atlanta. Finalement, ce n'est pas si loin, la Géorgie puis encore et toujours, nos cinq gaillarts puisent dans le répertoire Blackberry Smoke pour entonner grâce au très volubile Olivier (quelle voix !!!) Sixty Ways To Sunday extrait de The Whippoorwill. Il bouge, il se dandine tel parfois un pantin désarticulé. Les autres, goguenards, le regardent faire son show, tout en restant concentrés sur leur rôle à jouer. Ils enchainent sans temps mort sur Nobody's Pride suivi d'un Get Over It survitaminé des Eagles, un superbe Up In Smoke et un magnifique Shakin' Hands.
Le public affamé de bonne musique et sachant que The Owl Band saura le combler, réclame à corps à cris (du Hibou), un titre supplémentaire. C'est "chouette" car dans la minute, le groupe propose une version tellurique du With A Little Help From My Friends façon Joe Cocker à Woodstock, une adaptation qui voit l'Oli s''arc-bouter tel...............un arc-boutant de Notre Dame (désolé, je n'ai rien trouvé d'autre.....................).....
En tous les cas, revenez quand vous voulez par chez nous. Même si le public (enfin si, les vrais étaient là) n'était pas au RDV, nous saurons de toute façon vous accueillir la prochaine fois pour écouter cet excellent rock US dont vous nous avez gratifié. Merci.