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 GENTLE GIANT

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Phil
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MessageSujet: GENTLE GIANT   GENTLE GIANT EmptyMer 29 Oct - 23:08

"A la redécouverte d'un monstre sacré du rock progressif"
Souvent cité, à juste titre au demeurant, comme l'une des formations progressives majeures des années 70, Gentle Giant reste paradoxalement très mal connu. A cela, une raison essentielle : l'extrême sophistication de sa musique, qui déroute et rebute souvent au premier abord. L'œuvre produite par le groupe anglais durant sa décennie d'existence constitue cependant un chapitre incontournable, par sa richesse et son originalité, de l'histoire des musiques progressives.

A l'origine de la personnalité hors du commun de Gentle Giant, une rencontre explosive : celle des trois frères Shulman et de Kerry Minnear. Les premiers, aux talents de multi-instrumentistes apparemment inépuisables, lui offriront une richesse timbrale et sonore prodigieuse; le second, tout aussi habile de ses deux mains et par ailleurs, diplômé en composition de la prestigieuse Royal Academy of Music, lui ouvrira les portes de la plus grande expressivité musicale grâce à l'utilisation de techniques d'écritures avancées (canon, fugue, contrepoint) dont l'emploi par un groupe rock est quasiment unique dans les annales.

Les débuts
Lorsqu'ils formèrent Gentle Giant au début de l'année 1970, les frères Shulman - Derek au chant et à la guitare, Ray au violon et Phil au saxophone - n'étaient pas tout à fait de nouveaux venus. Après avoir traîné leurs guêtres dans des groupes de rhythm'n'blues dont la notoriété n'avait guère dépassé les alentours de leur Portsmouth natal, ils avaient connu un succès aussi inattendu qu'embarrassant sous le nom de Simon Dupree & The Big Sound avec «Kites», un 45 tours aux couleurs psychédéliques qui leur avait été imposé par leur manager et ne reflétait que peu leurs convictions musicales.

Fin 1969, las de s'être enfermés malgré eux dans une image en décalage par rapport à leurs aspirations artistiques, ils décident de jeter l'éponge pour constituer une nouvelle formation. Conservant leur batteur, Martin Smith, ils recrutent successivement le claviériste Kerry Minnear et le guitariste Gary Green. Un contrat de management est signé avec l'agence de Gerry Bron, et c'est d'ailleurs un employé de celle-ci qui propose le nom Gentle Giant, qui fait écho aux atmosphères contrastées présentes dans sa musique, tour à tour imposante et délicate. Après six mois de répétitions intensives, interrompues seulement par quelques concerts en première partie de Jimi Hendrix (et notamment une prestation au Monterey Jazz Festival), le groupe entre en studio à la rentrée 1970 sous la direction du producteur Tony Visconti, qui commence alors à se faire un nom grâce à son travail avec David Bowie. En deux semaines, Gentle Giant est mis en boîte. Il sort chez Vertigo en novembre 1970.

«Gentle Giant» (1970)
Rares sont les groupes à être parvenus à exprimer, dès leur premier essai discographique, une identité radicalement originale; parmi les grands pionniers du genre progressif, on ne voit guère que King Crimson et son In The Court Of The Crimson King. Certes, cet opus éponyme de Gentle Giant ne fut, avec le recul, que la première pierre d'un édifice artistique dont il ne laissait entrevoir qu'une vague idée de l'architecture finale. Il n'en constituait pas moins une profession de foi musicale dont l'audace frappe encore, près de trente ans plus tard.

Si certains éléments caractéristiques du son Gentle Giant manquent encore à l'appel, c'est que la direction musicale du groupe est encore pour l'essentiel le fait des frères Shulman, sur la lancée de leur collaboration au sein de Simon Dupree & The Big Sound. Si les contributions de Kerry Minnear à l'écriture sont conséquentes («Funny Ways», «Nothing At All» et «Why Not ?»), elles sont encore loin de posséder l'originalité de son travail ultérieur. Quant à son implication vocale, elle est quasi inexistante, réduite une brève intervention sur «Why Not ?», qui préfigure d'ailleurs, avec son arrangement pour flûtes à bec, la tournure médiévale des albums suivants.

Pour le reste, Gentle Giant jette les bases de son style. Avec d'un côté, ce rock progressif musclé et complexe («Giant», «Why Not ?») où dominent le chant extraverti de Derek Shulman et la guitare au jeu bluesy de Gary Green, émancipé de sa lourdeur potentielle par le travail rythmique audacieux du duo Ray Shulman-Martin Smith. Et de l'autre, des pièces plus originales, inclassables, mettant en valeur les talents de multi-instrumentistes des musiciens et s'écartant parfois assez largement de l'orthodoxie rock.

Ainsi, ce «Funny Ways», qui demeurera l'un des chevaux de bataille scéniques du groupe durant toute sa carrière, où le chant en demi-teintes de Phil Shulman se marie à la guitare acoustique et aux cordes (Ray Shulman au violon et Kerry Minnear au violoncelle) pour créer un intimisme particulièrement envoûtant. Même délicatesse dans le plus conventionnel «Nothing At All», évocateur des moments les plus bucoliques du Genesis de Trespass ou Nursery Cryme, dont l'impact est hélas un peu amoindri par un solo de batterie superflu. Veine plus légère enfin, pour le charmant «Isn't It Quiet And Cold ?», mené par la voix malicieuse de Phil Shulman soutenu par une instrumentation totalement acoustique (violon joué tour à tour à l'archet et en pizzicato, clavecin, marimba).

Après une tournée européenne en première partie de Colosseum (et un premier concert en France, à la fac d'Assas le 30 avril), le second album de Gentle Giant, Acquiring The Taste, est enregistré durant le printemps 1971, à nouveau avec Tony Visconti à la production, même l'implication réelle de ce dernier est en réalité des plus relatives, le groupe et son ingénieur du son, Martin Rushent (considéré comme un membre du groupe à part entière jusqu'à la fin de leur association, après Octopus), assumant de plus en plus eux-mêmes cette tâche.

«Acquiring The Taste» ( 1971 )
Les premières secondes de ce deuxième opus de Gentle Giant sont fort révélatrices des nouveautés présentes au menu. Tout d'abord un thème introductif joué au Moog, qui marque la première apparition du synthétiseur dans sa musique. Puis le chant fait son apparition : c'est celui de Kerry Minnear, beaucoup plus présent dans ce rôle que sur l'album précédent, alors qu'à l'inverse les interventions de Phil Shulman se sont raréfiées (il n'est le chanteur principal que sur «Black Cat»).

Pourtant, si la personnalité de Minnear s'affirme, autant comme chanteur que claviériste (éclectisme, virtuosité éclatante, mais aussi sobriété bien loin des outrances de certaines formations progressives), ce n'est pas encore totalement le cas dans son rôle de compositeur. C'est en effet Ray Shulman qui se taille la part du lion et propose les morceaux les plus audacieux et défricheurs («Pantagruel's Nativity», «The Moon Is Down»), même si son collègue (qui signe notamment les dynamiques «The House, The Street, The Room» et «Wreck») met sa formation de pianiste classique à contribution pour les arrangements (la séquence centrale à base de percussions de «Edge Of Twilight»).

Auteur cette fois de l'ensemble des textes (où l'on note une première référence à l'œuvre de Rabelais dans «Pantagruel's Nativity»), Phil Shulman s'est également fendu de notes de pochette qui feront couler beaucoup d'encre. Il y affirme, au nom du groupe, la volonté de celui-ci de s'écarter autant que possible des conventions musicales en vigueur dans la pop et le rock : «Notre but est de repousser les limites de la musique populaire contemporaine, au risque d'être impopulaires».

Une profession de foi un rien pompeuse, contrebalancée cependant par l'humour du dessin qui orne la pochette, à l'esthétique certes peu raffinée mais à l'ironie savoureuse : une langue léchant ce dont on ignore d'abord s'il s'agit d'une pomme ou d'un postérieur... Si en retournant la pochette, l'ambiguïté est levée en faveur de la première solution, en revanche la conjonction avec le titre de l'album la rétablit : un proverbe anglais ne dit-il pas «à force de lécher le c... de quelqu'un, on finit par y prendre goût» ? Double-sens donc : allusion aux concessions qu'exigent les maisons de disques des musiciens qu'elles exploitent (et que Gentle Giant récuse haut et fort); et message destiné au public, une invitation à faire preuve de curiosité et de persévérance face à une musique pas forcément accessible au tout-venant.

Transformant brillamment l'essai réussi de son oeuvre inaugurale, Gentle Giant affirme avec Acquiring The Taste sa volonté de progresser et de renouveler constamment son art musical.

Peu après la sortie d'Acquiring The Taste (qui n'obtient comme on pouvait le prévoir qu'un succès limité), Martin Smith est remercié à l'initiative de Phil Shulman, les relations entre les deux musiciens s'étant fortement dégradées, et remplacé par un certain Malcolm Mortimore. Au même moment, Gentle Giant rompt avec son manager Gerry Bron, celui-ci ne se montrant guère passionné par la musique du groupe. Les musiciens ne tardent pas à se remettre au travail, et dès la fin de l'année ils retournent en studio. Three Friends est le premier album dont le groupe assure lui-même la production.

«Three Friends» (1972)
Position paradoxale que celle de Three Friends dans l'œuvre de Gentle Giant ! Si ce troisième opus est, au regard de l'orthodoxie progressive, une réussite majeure, il traduit dans le même temps un recul du point de vue de l'originalité. Disparues en effet, temporairement du moins, certaines des caractéristiques les plus typiques du style du groupe : l'instrumentation, allant dans le sens d'une optique rock conventionnelle - cuivres et cordes brillent ici par leur discrétion -, et les harmonies, considérablement simplifiées, où les références à la musique médiévale sont absentes.

L'explication de cette évolution est simple : suite à l'absence - prévisible - de retentissement commercial de Acquiring The Taste, Gentle Giant s'est résolu à cadrer davantage son discours musical dans les conventions alors en vigueur dans le mouvement progressif. D'où, pour la première fois, l'adoption d'une trame conceptuelle. Celle-ci raconte et compare les parcours dans la vie de trois camarades d'école, devenus respectivement ouvrier, artiste peintre et cadre. Comme on pouvait le prévoir, Phil Shulman conclut sa parabole par un vibrant plaidoyer en faveur du bien-être spirituel (celui des deux premiers), plus épanouissant que son pendant matériel (le troisième)... Réflexion qui reste d'une brûlante actualité !

Pour ce qui est du style musical honoré, le discours habituel de Gentle Giant se trouve ici épuré d'une bonne part de sa complexité et de son excentricité. Le résultat s'avère logiquement plus accessible, grâce à des mélodies plus évidentes et une approche rythmique toujours riche mais jamais alambiquée gratuitement. Ce qui n'empêche pas d'éclatantes réussites comme «Schooldays», l'un des plus beaux morceaux jamais réalisés par Gentle Giant. Les dialogues guitare-vibraphone, les parties vocales en questions-réponses de Phil Shulman et Kerry Minnear (dont les voix assez similaires sont souvent difficiles à distinguer), le constant renouvellement mélodique et l'éclectisme pleinement maîtrisé (envolées symphoniques dramatiques orchestrées par le piano et le mellotron, incartade jazzy avec solo de vibraphone...), tout se combine pour évoquer de manière poignante la nostalgie d'une enfance révolue.

Sur la durée (particulièrement courte, soit dit en passant : 34 minutes !) de l'album, les bons moments ne manquent pas (le solo d'orgue déjanté de «Working All Day», l'intense dialogue guitare-batterie de «Peel The Paint», le symphonisme éclatant mais rythmiquement très touffu du morceau-titre...), mais Gentle Giant donne l'impression d'une excessive sagesse, marquant une pause dans sa conquête d'horizons musicaux nouveaux. Three Friends avait toutefois la qualité de ce défaut, puisqu'il permit au groupe de connaître un début de reconnaissance commerciale, aux Etats-Unis notamment (où il sortit bizarrement affublé de la pochette du premier album !), et de séduire une frange plus majoritaire du public progressif, rebuté par certaines des audaces des opus précédents. Il est par conséquent à conseiller pour un premier contact avec l'art unique des Anglais.

La sortie de Three Friends, en mars 1972, est suivie d'une longue tournée européenne en première partie de Jethro Tull, centrée principalement sur l'Allemagne et l'Italie (elle passe aussi par la France : Lyon et Paris). Celle-ci doit ensuite se poursuivre en Angleterre avec les Groundhogs, mais quelques jours avant son départ prévu, le batteur Malcolm Mortimore est victime d'un accident de la route, dont il ressort avec une jambe et un bras cassés, ce qui oblige le groupe à lui trouver un remplaçant.

L'heureux élu, John Weathers, est un vétéran de la scène rock britannique : après avoir passé cinq ans dans Eyes Of Blue, où il côtoyait notamment le claviériste Phil Ryan, futur meneur de Man (qu'il rejoindra à la séparation de Gentle Giant), il fit brièvement partie de Wild Turkey, Graham Bond's Magic et The Grease Band, le groupe de scène de Joe Cocker.

'Pugwash', c'est son surnom, se fait connaître des amateurs de Gentle Giant à l'occasion de quelques dates en Allemagne en mai 1972, et surtout lors d'une tournée nord-américaine à l'automne où il partage de nouveau l'affiche avec la bande à Ian Anderson, et parfois avec Yes ou Black Sabbath. Puis, de retour à Londres en novembre, le groupe entre à nouveau en studio pour graver son quatrième album, Octopus
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MessageSujet: Re: GENTLE GIANT   GENTLE GIANT EmptyMer 29 Oct - 23:11

«Octopus» (1972)
Souvent cité comme l'œuvre de référence de Gentle Giant, Octopus ne manque, il est vrai, pas d'atouts pour prétendre à ce titre. A commencer par sa pochette, symbolisant à elle seule son accession au firmament du mouvement progressif puisqu'elle est signée de... Roger Dean, rien que ça ! Ce dernier s'est davantage inspiré du titre de l'album que de son contenu musical ou littéraire, un choix pas forcément pertinent puisque Octopus ne doit pas être compris littéralement (ce mot signifie «pieuvre» en anglais), mais comme un jeu de mots (suggéré par l'épouse de Phil Shulman) faisant simplement allusion au fait qu'il comprend huit pièces («oct-» : huit, «opus» : œuvre) indépendantes les unes des autres.

Autre raison de considérer Octopus comme une pierre angulaire dans la carrière de Gentle Giant : la manière dont il fixe une fois pour toutes les recettes et ingrédients constitutifs de son art musical. Ce dernier ne s'accommode que partiellement des canons progressifs en vigueur, en matière de durées notamment puisque celles-ci sont ici toutes comprises entre trois et six minutes. S'il fallait encore s'en convaincre, nous voici définitivement informés que la vocation du groupe n'est pas de nous régaler de longues épopées plus ou moins conceptuelles, mais de s'accommoder - en apparence tout au moins - des conventions du format «chanson» pour mieux les mettre à mal... de l'intérieur ! Paradoxalement, Octopus comprend aussi l'un des seuls titres totalement instrumentaux jamais enregistrés par Gentle Giant : «The Boys In The Band» constituera d'ailleurs dans les concerts le pivot d'un medley revisitant divers morceaux de l'album (cf. le live Playing The Fool).

Musicalement, le principal fait notable de ce quatrième album est la montée en puissance décisive de l'influence des musiques médiévale et de la Renaissance, qui imprègne désormais tout autant la forme que le fond.

En janvier 1973, Gentle Giant effectue une tournée italienne, suite à laquelle Phil Shulman décide de quitter le groupe. S'estimant désormais trop vieux (il a alors 36 ans) pour faire partie d'un groupe de rock, il reprend sa carrière d'enseignant interrompue quelques années plus tôt. Ses collègues décideront de ne pas le remplacer, Derek Shulman prenant désormais en charge les parties de saxophone et l'écriture des textes.

Gentle Giant fait ses débuts scéniques dans cette nouvelle configuration (qui demeurera inchangée jusqu'à la séparation du groupe) à l'occasion d'une nouvelle tournée américaine, au printemps 1973, en première partie de Focus, formation progressive néerlandaise qui vient alors d'obtenir un succès aussi massif qu'inattendu avec son 45 tours «Hocus Pocus». Puis en juillet, après avoir signé avec un nouveau label, World Wide Artists, il retourne aux studios Advision de Londres pour y enregistrer In A Glass House.

«In A Glass House» (1973)
On ne peut analyser In A Glass House sans revenir un instant sur les deux bouleversements intervenus avant sa réalisation dans la carrière de Gentle Giant. En premier lieu, le départ de Phil Shulman, l'aîné du groupe et d'une certaine manière son guide spirituel, auteur de la quasi totalité des textes des quatre premiers albums. Bien que son apport strictement musical n'ait pas été des plus conséquents, les cinq musiciens restants (qui décideront de ne pas le remplacer) s'en trouveront fortement déstabilisés. Derek Shulman se chargera par la suite de l'écriture de la plupart des textes. Autre événement marquant : Gentle Giant a quitté le label Vertigo (qui connaît alors une grave crise et renaîtra plus tard en ayant totalement renié son orientation progressive) pour World Wide Artists. A bien des points de vue, le groupe doit donc retrouver ses marques.

C'est sans doute pourquoi In A Glass House ne fait globalement que capitaliser les acquis d'Octopus, en les intégrant à une forme redevenue plus rock. La plupart des morceaux sont ainsi à deux facettes (ils sont d'ailleurs plus longs, quatre sur six durant dans les 7-8 minutes), l'une plutôt dynamique et efficace, dominée par le chant de Derek Shulman, l'autre plus intimiste et originale, dont Kerry Minnear est le principal protagoniste et qui se distingue également par l'utilisation d'une instrumentation plus acoustique.

Quelques morceaux font cependant exception à la règle, et sont indicateurs de la volonté persistante de Gentle Giant d'expérimenter de nouvelles variantes de son art. «An Intimates Lullaby», par exemple, est chanté avec une retenue inhabituelle par Derek Shulman avec diverses percussions, mélodiques ou non (vibraphone, timbales...), comme seul accompagnement. Quant au très bref «A Reunion» (à peine deux minutes), il témoigne d'une approche mélodique plus épurée, à l'inverse d'un «Experience» dont les premières minutes, pour leur part, se plaisent à distiller des harmonies biscornues nourries, encore une fois, de l'apport des musiques du passé.

Œuvre vaguement conceptuelle (inspirée par le proverbe «ceux qui vivent dans des maisons de verre devraient s'abstenir de lancer des pierres» - manifestement une allusion aux difficultés que connaît rapidement le groupe dans ses relations avec son nouveau label), In A Glass House marque globalement la victoire, prévisible au demeurant, de l'idiome rock sur tous les autres dont Gentle Giant aime à nourrir également sa musique. Mais il serait erroné d'y voir un renoncement à l'innovation, bien au contraire : son originalité est préservée tout en étant présentée sous une forme plus digeste.

La sortie de In A Glass House connaît un sérieux contretemps lorsque Capital, le distributeur américain de Gentle Giant, refuse de le sortir aux États-Unis, le jugeant invendable (impression semble-t-il suscitée par les bruitages qui introduisent et concluent l'album, d'une manière il est vrai assez peu commerciale !). Une décision qui va démontrer une fois de plus le flair proverbial des dirigeants de maisons de disques, puisque le pressage européen est aussitôt importé massivement et se vend en quelques semaines à 150 000 exemplaires ! Les tournées américaines avec Jethro Tull ont décidément porté leurs fruits...

Gentle Giant traverse à nouveau l'Atlantique à l'automne 1973 pour une série de concerts qui culmine avec cinq soirs consécutifs au fameux Whisky-A-Gogo de Los Angeles. Aussitôt revenu en Angleterre, le groupe retrouve Advision pour graver The Power & The Glory, en décembre 1973 et janvier 1974.

«The Power & The Glory» (1974)
Après le succès inespéré de In A Glass House aux Etats-Unis, Gentle Giant va logiquement concentrer ses efforts sur ce pays et son gigantesque marché potentiel. Sans que l'on puisse pour autant parler d'opportunisme, sa musique va évoluer parallèlement dans le sens d'une «américanisation». Notion certes floue, mais qui recouvre des changements bien réels : des mélodies plus évidentes, des arrangements épurés de leurs digressions superflues, et un travail rythmique plus accrocheur, souvent vaguement funkisant.

Pendant sonore de ces nouveaux partis-pris stylistiques : l'entrée en scène d'un instrument jusqu'alors absent dans la musique de Gentle Giant, le clavinet. Ce clavier, au son très percussif, à mi-chemin entre celui d'un piano électrique et d'un clavecin, était alors particulièrement prisé de musiciens comme Herbie Hancock ou Stevie Wonder, et donne aux titres où il est utilisé une couleur assez particulière, très entraînante (ce qui ne les rend pas pour autant dansants, le goût du groupe pour les rythmes impairs demeurant intact...).

Si «Proclamation», le titre qui ouvre l'album, est particulièrement emblématique de cette nouvelle optique, la suite reste tout de même largement dans la suite logique des opus précédents : chez Gentle Giant, on préfère décidément le changement dans la continuité aux révolutions tapageuses.

Ainsi, une bonne partie de The Power & The Glory se situe dans la tradition des morceaux 'musclés' chantés par Derek Shulman; hélas, contrairement à la règle en vigueur sur In A Glass House, ceux-ci ne sont plus systématiquement agrémentés de digressions 'minneariennes', et perdent ainsi beaucoup en contraste.

C'est ce caractère unidimensionnel qui, plus encore qu'une inspiration globalement en retrait, range The Power & The Glory parmi les albums mineurs de Gentle Giant, même s'il n'est pas pour autant dénué de très bons moments. Pour n'en citer que deux, «So Sincere» et son arrangement kaléidoscopique, construit autour d'une mélodie vocale et d'un accompagnement de cordes dont la cohérence ne devient évidente qu'au fur et à mesure que l'instrumentation s'étoffe; et «Cogs In Cogs», où la cohésion d'ensemble des cinq musiciens est particulièrement mise à contribution.

Coïncidence troublante, The Power & The Glory sort aux États-Unis au moment où le scandale du Watergate prend des proportions telles que le président Nixon va se trouver, quelques semaines plus tard, contraint à la démission. Derek Shulman dément s'être inspiré de l'affaire (qui a éclaté un an auparavant) pour écrire cette oeuvre conceptuelle qui traite justement du pouvoir politique et de la corruption qu'il génère. Toujours est-il que cette concomitance joue en faveur de l'album, qui entre même dans le Top 50 des meilleures ventes de disques.

Hélas, dans un premier temps en tout cas, Gentle Giant ne peut profiter de ce succès pour asseoir sa réputation scénique, en particulier outre-Atlantique. En effet, il connaît au même moment des problèmes de management avec WWA, qui auront pour conséquence immédiate l'annulation à la dernière minute d'une tournée anglaise célébrant la sortie de l'album. Après force turpitudes légales qui lui coûteront beaucoup d'argent, Gentle Giant se libérera finalement de son contrat, rejoignant ses amis de Jethro Tull au sein de l'écurie Chrysalis, ayant sympathisé avec son directeur-fondateur Terry Ellis à l'occasion des tournées américaines avec le groupe. Une alliance rapidement entérinée par deux tournées, en Angleterre en décembre 1974, et aux États-Unis en janvier 1975. Puis le groupe réintègre Advision en avril et y enregistre Free Hand.
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MessageSujet: Re: GENTLE GIANT   GENTLE GIANT EmptyMer 29 Oct - 23:11

«Free Hand» (1975)
Lorsque l'on consulte les amateurs de Gentle Giant en leur demandant de citer leur album préféré du groupe, une majorité écrasante désigne Free Hand, ce qui peut étonner au premier abord. Précédant de si peu un déclin artistique vertigineux, cette œuvre peut-elle vraiment marquer l'apogée artistique des Anglais ? Alors qu'elle s'inscrit dans une logique de simplification et d'américanisation du discours de Gentle Giant, est-elle à même de symboliser au mieux son originalité pour la postérité ?

On comprend mieux un tel plébiscite lorsqu'on sait que Free Hand est l'album du groupe ayant obtenu le plus grand succès commercial, et qu'il est aussi et par conséquent celui grâce auquel nombre de mélomanes, américains notamment, se sont familiarisés avec l'art de Gentle Giant. Et force est de reconnaître que cet opus remplit parfaitement son rôle, s'avérant être une synthèse particulièrement habile et séduisante du talent unique des cinq musiciens et d'une aspiration à une plus grande accessibilité.

Le contenu littéraire est au diapason, émancipé de sa préciosité un brin nébuleuse, et collant mieux à une musique à l'énergie rock de plus en plus affirmée. Ce n'est sans doute pas un hasard si la plupart des textes (pour leur grande majorité signés par Derek Shulman) sont des réflexions sur divers aspects de la vie d'un musicien de rock. Ainsi «Just The Same», qui traite avec lucidité des aléas de la notoriété et de la mégalomanie qui règne dans le milieu musical; «Free Hand», allusion acerbe aux déboires de Gentle Giant avec son précédent label; «On Reflection», sans doute sur le même thème même s'il évoque en apparence une histoire sentimentale; «Mobile», et son récit de la vie en tournée, répétitive et débilisante, à vous dégoûter définitivement de vouloir devenir une rock star...

Pour ce qui est de la musique, il est indéniable que Gentle Giant est ici au sommet de son art en tant que groupe. Tout est parfaitement maîtrisé : les arrangements, parfaitement huilés, concilient efficacité et virtuosité avec un brio rarement atteint. Certes, le son s'est dans une certaine mesure américanisé, mais la musique retrouve par moments des accents médiévaux, presque totalement délaissés sur l'album précédent : «On Reflection» surtout, avec son incroyable introduction a-capella et sa séquence centrale avec Kerry Minnear au chant sur un accompagnement de flûte à bec et de vibraphone; ou le court instrumental «Talybont», où l'on entend également du clavecin. Quant à «His Last Voyage», Minnear s'y autorise une incursion dans une veine plus intimiste et épurée, assez inédite pour Gentle Giant.

Sorti en septembre 1975, Free Hand confirme rapidement les espoirs placés en lui, puisqu'il atteint la 26ème place des ventes d'albums aux États-Unis. Comme prévu, l'Angleterre se montre beaucoup moins enthousiaste, même si cet album sera le seul du groupe à être référencé dans les classements nationaux. Le mois suivant, Gentle Giant s'embarque pour un long périple nord-américain, immédiatement suivi d'une importante tournée européenne qui s'achève peu avant Noël.

Après l'âge d'or...
Les musiciens auront tout juste le temps de s'accorder un peu de repos bien mérité, avant qu'un nouvel album soit mis en chantier. Une nouvelle série de concerts étant d'ores et déjà prévue au printemps, le groupe ne peut en aucun cas reculer l'échéance, et se met au travail sous une pression d'autant plus forte qu'il ne dispose que de quelques ébauches d'idées. En quatre semaines de répétitions, grâce à un savoir-faire désormais à toute épreuve, Gentle Giant parvient à en tirer assez de matière pour un album.

Les séances, qui ont lieu une nouvelle fois à Advision, seront le théâtre d'une anecdote mémorable, qui montre bien à quel rythme de travail était alors soumis le groupe : le morceau «Design» est en train d'être enregistré alors que les arrangements ne sont pas totalement achevés. Kerry Minnear se réfugie alors seul dans une salle, où il griffonne page après page des partitions, qui sont transmises au fur et à mesure aux autres musiciens, qui les enregistrent aussitôt !!!

Pour donner plus de relief à l'ensemble, il est décidé de «conceptualiser» l'album grâce à des extraits d'une fausse interview, parodiant les questions répétitives et souvent débiles posées au groupe par les journalistes, grâce à la complicité de Phil Sutcliffe, de l'hebdomadaire rock 'Sounds' et amateur de Gentle Giant depuis ses débuts.

Interview est ce qu'il convient d'appeler un album de transition. Transition entre l'âge d'or du groupe et ses trois derniers albums, qui traduiront un déclin artistique inéluctable. Peu à peu, Gentle Giant renonce à ses spécificités les plus marquantes pour reformer son discours musical au format du «musicalement correct» de l'époque. Il est difficile de juger sur le fond cet opportunisme qui représentait sans doute alors pour les musiciens le seul moyen d'espérer survivre à la désaffection soudaine du public pour le rock progressif.

Par contre, les conséquences musicales, elles, sont bien présentes, et si Interview comprend encore nombre de morceaux intéressants, poursuivant dans la lignée du précédent album, l'instrumentation, par exemple, s'est standardisée. Fini, hormis lors des concerts, les vibraphone, flûte et autres violoncelle. Les rythmes, quant à eux, confirment leurs penchants désormais plus rock, sans dédaigner quelques excentricités, comme par exemple sur «Timing», bâti sur un effet de contretemps étonnant entre la ligne vocale et l'accompagnement.

Les textes de Derek Shulman trahissent un certain désenchantement, prenant le prétexte du concept de l'interview pour offrir une réflexion sur le temps qui passe, à un niveau individuel (l'introspectif «Design») comme collectif (le morceau-titre, bilan lucide et franc de la carrière du groupe, qui place Octopus comme l'album charnière de son œuvre).

A bien des égards, Interview marque la fin d'une époque. Gentle Giant attendra d'ailleurs près d'un an et demi pour franchir à nouveau le seuil d'un studio. Six ans de travail acharné ont laissé les cinq musiciens épuisés, désemparés, et si cet album est malgré tout honorable, c'est avant tout la résultante du savoir-faire infaillible qu'ils ont acquis au fil des albums. Savoir-faire qui ne saurait pallier, hélas, l'absence d'une réelle inspiration...

Comme c'était du reste prévisible, Interview s'avère être un échec en termes de ventes. Celui-ci n'affecte pas pour autant le moral du groupe, qui connaît alors la période d'activité scénique la plus intense de sa carrière. Fin avril 1976 débute une longue tournée européenne qui dure jusqu'en juin; Gentle Giant donne alors ses derniers concerts en Angleterre (à l'exception d'une prestation exceptionnelle pour la BBC deux ans plus tard). Puis il enchaîne avec un long périple nord-américain, lors duquel il partage de nombreuses fois l'affiche avec Yes.

C'est à l'automne, lors d'une nouvelle tournée européenne - qui sera là aussi sa dernière - que plusieurs concerts sont enregistrés avec l'aide du studio mobile de Jethro Tull, et font l'objet en janvier 1977 d'un (excellent) double album live, Playing The Fool. Sa sortie permettra à Gentle Giant de prendre un peu de repos, pour la première fois depuis plusieurs années. Il reprend néanmoins la route pour une nouvelle série de concerts aux États-Unis et au Canada en février et mars 1977, avant de s'exiler aux Pays-Bas, délaissant pour la première fois les studios Advision, pour y enregistrer son huitième album studio, The Missing Piece.

Si les signes avant-coureurs d'un probable déclin artistique n'avaient pas échappé à la vigilance des plus perspicaces, The Missing Piece va contraindre les plus optimistes à déchanter à leur tour : Gentle Giant a bel et bien rendu les armes. Sans forcément mettre totalement son talent en veilleuse, mais en choisissant une politique du compromis dont le pendant musical est hélas plus à même de susciter l'indifférence généralisée que des passions exacerbées.

Comme beaucoup de groupes progressifs à l'époque, la seule véritable exception étant Genesis, Gentle Giant opère des choix stratégiques qui vont lui aliéner ses amateurs de longue date, sans pour autant séduire un nouveau public pour lequel, de toute façon, il a déjà dépassé depuis longtemps la date de péremption au-delà de laquelle un groupe se transforme inévitablement à ses yeux en vieux dinosaure inutile et anachronique.

La première face de The Missing Piece est, il faut bien le dire, assez navrante. «Betcha Thought We Couldn't Do It», proclame l'un des titres, autrement dit «vous ne nous auriez jamais crus capables de ça, hein ?». Autodérision certainement, mais tout le second degré du monde ne peut compenser une telle absence de substance musicale. Fait significatif, les durées des morceaux de cette face oscillent entre deux et quatre minutes...

Certes, les choses s'améliorent un peu lorsque l'on retourne son vinyle, et que l'on découvre quelques titres plus fidèles à la tradition de Gentle Giant, comme «As Old As You're Young», qui n'aurait pas déparé Free Hand et qui nous offre la seule prestation vocale de Kerry Minnear sur l'album, «For Nobody», assez rock mais réussi dans le style, ou encore «Memories Of Old Days» (7 minutes !), à la tonalité générale plus acoustique. Pas assez, hélas, pour racheter l'ensemble.

Œuvre bicéphale, The Missing Piece est le reflet des tensions qui agitent alors Gentle Giant, tiraillé entre un Ray Shulman, soutenu par son frère, désireux d'assurer coûte que coûte le succès du groupe, même au prix de concessions aux nouvelles tendances célébrant une musique plus basique, et un Kerry Minnear soucieux de préserver l'héritage de la musique savante qui a fait sa réputation. Inconciliables, les positions vont se radicaliser, cela se traduisant par la mise en retrait de Kerry Minnear, qui ne jouera plus, sur l'album suivant, qu'un rôle secondaire.

Le compromis choisi par Gentle Giant ne satisfait pas plus le public que les membres du groupe, et la perte de terrain commerciale se confirme. The Missing Piece parvient tout juste à se hisser aux dernières places des classements de ventes aux États-Unis, mais ce sera le dernier album du groupe à obtenir ce privilège. Une nouvelle tournée américaine, en novembre 1977, prouve néanmoins paradoxalement (quoique...) que la réputation scénique de Gentle Giant reste intacte. Cruel dilemme que celui d'un groupe constatant l'attachement persistant du public à sa musique mais se montrant incapable d'en retirer le bénéfice en termes de vente de disques...

De retour en Angleterre, Gentle Giant enregistre en janvier 1978 un concert télévisé pour la télévision britannique, qui sera sa dernière apparition publique dans son pays. Il se met ensuite au travail sur un nouvel album, et investit les studios Lamport de Londres, possession du guitariste des Who, Peter Townshend, et produit Giant For A Day, considéré unanimement et avec raison comme le ratage majeur de sa carrière. Plus la moindre référence au passé musical glorieux des Anglais dans ce recueil de chansons standardisées (dont les durées varient, si l'on peut dire, de deux à cinq minutes...), où l'on est bien en mal de reconnaître le son typique du groupe, tant les claviers de Kerry Minnear, notamment, sont relégués à l'arrière-plan, derrière des guitares désormais despotiques. Bizarrement, on note quand même la présence d'un instrumental, le sympathique «Spooky Boogie» que, pour l'anecdote, les Flower Kings reprenaient sur scène lors de leurs premiers concerts !

Après une nouvelle tournée nord-américaine durant l'hiver 1978-79, Gentle Giant prend la décision radicale de s'installer de manière permanente aux États-Unis. Puisque seul ce pays lui accorde encore ses faveurs, autant se donner toutes les chances de le séduire en s'imprégnant de sa culture, pense Derek Shulman, à l'origine de cette idée. Entre mai et octobre 1979, les musiciens séjournent donc à Los Angeles, composant et répétant inlassablement, avant d'entrer en studio pour enregistrer le fruit de leur création.

Si Civilian, l'album en question, n'est pas à la hauteur de la quantité de travail investie par Gentle Giant dans sa réalisation, il constitue toutefois une relative amélioration par rapport à l'abyssal Giant For A Day. Le mérite en revient sans doute à la plus grande implication dans l'écriture de Kerry Minnear, qui parvient à rehausser d'un peu d'originalité un contenu musical définitivement prisonnier des carcans commerciaux et à la production américanisée.

Gentle Giant ne survivra pas longtemps à l'enterrement de la décennie qui avait vu sa gloire. La parution de Civilian, au début de l'année 1980, est suivie d'une réunion de crise au sein du groupe. La raison : Derek Shulman et Kerry Minnear ne veulent plus tourner, afin de pouvoir consacrer davantage de temps à leurs familles. Parallèlement, il est devenu clair que l'âge d'or artistique et commercial de Gentle Giant est depuis longtemps révolu. La consécration dont rêvaient les frères Shulman n'est pas au tournant. La tournée américaine de mai et juin 1980 sera donc la dernière, et aussitôt celle-ci terminée, chacun part de son côté.
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MessageSujet: Re: GENTLE GIANT   GENTLE GIANT EmptyMer 29 Oct - 23:12

«Que sont-ils devenus ?...»
Parmi tous les grands groupes de rock progressif des années 70, Gentle Giant est certainement le seul dont aucun membre n'ait vraiment, par la suite, refait parler de lui, en tout cas en tant que musicien, si l'on excepte un 45 tours, «Starting Line», sorti par Ray Shulman et Gary Green sous le nom de Shout en 1981, un projet sans lendemain du fait de l'éloignement géographique des deux musiciens vivant respectivement en Angleterre et aux États-Unis.

Le seul à avoir poursuivi sa carrière depuis est John Weathers, qui a rejoint le groupe gallois Man (qu'il a finalement quitté en 1996). Gary Green a, pour sa part, participé à l'album Zinc d'Eddie Jobson, sorti en 1983, avant de partager son temps entre sa ferme de l'Illinois et diverses formations locales (Big Hello, Mother Tongue, etc.). Plus récemment (en septembre 1995), il s'est produit sur scène avec le groupe italien Divae, jouant avec lui l'instrumental de Gentle Giant «The Boys In The Band», ainsi que la composition originale «Il Ritorno Del Gigante Gentile», qui figure sur son premier album Determinazione, hélas sans sa participation.

Derek Shulman, d'abord recruté par les bureaux new-yorkais de PolyGram, dont il sera quelques temps vice-président, deviendra ensuite directeur artistique chez Atco, où il sera responsable, entre autres signatures souvent plus rémunératrices, de celles de Dream Theater ou Pantera. Son frère Ray est pour sa part resté en Angleterre et s'est tourné, au milieu des années 80, vers la production (rôle qu'il assumait déjà en grande partie chez Gentle Giant en dépit d'un crédit collectif), son travail pour les Sugarcubes, The Sundays et Ian McCulloch lui ayant valu une certaine renommée. Il a depuis créé une société spécialisée dans les musiques pour jeux vidéo. Enfin, l'aîné des Shulman, Phil, tient aujourd'hui un magasin de souvenirs près de Portsmouth, et son fils Damon a sorti un album (peu mémorable, hélas) chez Giant Electric Pea en 1994 avec son groupe Different Trains.

Kerry Minnear, sans conteste l'âme de Gentle Giant, celui dont on était en droit d'attendre le plus en solo, ne s'est guère fait remarquer, si ce n'est avec quelques cassettes de musique religieuse (sous le nom de The Reapers), diffusées de manière très confidentielle et n'ayant que peu en commun avec son travail passé. En 1984, il avait sollicité un contrat solo auprès de Chrysalis (auquel Gentle Giant devait encore un album), mais la démo qu'il présenta alors à ses responsables ne suscita guère leur enthousiasme, ce qui permit au moins au groupe d'être définitivement libéré de son contrat. Il vit aujourd'hui de l'enseignement de la musique et de commandes sporadiques de musiques destinées à la télévision ou à des jeux électroniques. Il gère également, par le biais de la société Alucard Music qu'il dirige avec son épouse, les droits des albums de Gentle Giant.

Enfin, il convient de mentionner les parcours, plus confidentiels encore, des deux premiers batteurs de Gentle Giant. On a pu entendre Malcolm Mortimore, une fois remis de son accident de voiture, dans le groupe G.T. Moore and the Reggae Guitars, puis Ian Dury & The Kilburns et enfin Brains, le premier groupe de Brian James, futur guitariste de Lords Of The New Church. Dans les années 80 et 90, il s'est consacré au travail de studio, dans une veine alimentaire qui ne l'a pas amené à se faire particulièrement remarquer. Quant à Martin Smith, il a continué à jouer en amateur dans divers groupes locaux de Southampton, jusqu'à son décès en mars 1997 d'une hémorragie cérébrale, à l'âge de 50 ans.

Les albums posthumes
Si Gentle Giant, collectivement comme individuellement, n'a pas vraiment refait parler de lui depuis sa séparation il y a dix-huit ans (même si les rumeurs de reformation fleurissent depuis quelques années), les années 90 ont été marquées par un regain d'intérêt pour sa musique, qui s'est concrétisé par la réédition en CD, longtemps attendue, de l'intégralité de sa discographie, puis par la sortie d'enregistrements inédits.

Il y eut tout d'abord, en 1994, BBC Radio One In Concert, qui propose (dans un ordre différent, et avec un titre en moins, «Funny Ways») la bande son du fameux concert télévisé donné à Londres en janvier 1978 (dont la version vidéo pourrait bien finir par sortir également). On y retrouve logiquement une majorité de titres de The Missing Piece, ainsi que trois extraits de Free Hand, et «Playing The Game» de The Power & The Glory.

Grâce au travail de recherche entrepris par des fans du groupe, Out Of The Woods, regroupant la plupart des séances enregistrées par Gentle Giant pour la BBC entre 1970 et 1975, vit le jour deux ans plus tard. Bénéficiant d'une qualité sonore excellente, ce CD est un joyau inespéré, proposant notamment un medley intéressant de titres d'Octopus, différent de celui présent sur Playing The Fool, et une version radicalement modifiée de «On Reflection». Seul regret, on n'y trouve qu'un inédit, «City Hermit», qui faillit figurer sur le premier album. D'autres bandes seront retrouvées plus tard, ce qui permettra l'inclusion d'inédits supplémentaires sur Under Construction.

Moins enthousiasmant, The Last Steps (sorti fin 1996 chez Red Steel Music), enregistré lors du dernier concert de Gentle Giant, au Roxy de Los Angeles en juin 1980, pâtit d'une qualité sonore médiocre et d'un répertoire pas particulièrement ragoûtant, puisqu'il s'agit essentiellement d'un mélange de titres extraits de Civilian (6), Giant For A Day (1) et The Missing Piece (2), complété par quelques morceaux plus anciens («Free Hand», «Knots», «Playing The Game» et «The Advent Of Panurge»).

Enfin, il y a quelques mois paraissait King Biscuit Flower Hour Presents, dans le cadre d'une série où l'on retrouve également des prestations d'Emerson Lake & Palmer, Rick Wakeman, Renaissance, GTR ou encore Greg Lake. Il s'agit en l'occurrence d'un concert à New York en janvier 1975, et logiquement on y retrouve un répertoire de choix, panorama équilibré des albums Octopus, In A Glass House et The Power & The Glory (2 titres de chaque), ainsi que le «Funny Ways» de rigueur.

On notera également deux publications du label Hux Records, spécialisé dans la publication de bandes issues des archives de la BBC (il a été fondé par des anciens de Windsong, défunt label à vocation similaire), éditées en 1998, deux doubles CD : le premier, Out Of The Fire, propose d'une part BBC Radio One..., dans son intégralité et dans l'ordre, ainsi qu'un concert inédit de 1973; le second, Totally Out Of The Woods, reprend le contenu de Out Of The Woods, avec en bonus une séance de 1973 récemment retrouvée.

Under Construction, sorti en 1997, est un peu différent. Il s'agit d'un double CD regroupant toutes sortes de raretés destinées en priorité aux inconditionnels de Gentle Giant : premières ébauches chant/piano de morceaux de Kerry Minnear, bandes de répétitions, démos diverses... Et même de courts motifs instrumentaux à sampler pour créer ses propres inédits de Gentle Giant !

Outre ce contenu anecdotique, on trouve également des choses plus substantielles : deux titres live de 1976 («Interview» et «Timing») ainsi que la première séance du groupe pour la BBC (quatre inédits et une version de «Nothing At All»), découverte parfaitement conservée dans les archives de la vénérable institution...

Les compilations
Un certain nombre de compilations de Gentle Giant ont vu le jour à l'époque de sa gloire (en Italie notamment), mais elles ont dans la quasi totalité été épargnées par le phénomène des rééditions CD. Des 'best-of' spécifiques au format digital ont par contre vu le jour, parmi lesquels le plus recommandable est indéniablement Edge Of Twilight (1996, Mercury).

Ce double CD, qui bénéficie d'un son excellent, fruit d'un sérieux travail de dépoussiérage des bandes (scrupule que n'ont pas forcément eu les labels chargés de la réédition des albums d'origine, si l'on excepte Road Goes On Forever, dont les rééditions ont été publiées avec la bénédiction, voire l'implication, des musiciens), propose la majorité des morceaux des quatre premiers albums, ainsi que l'intégralité de The Power & The Glory, faisant bizarrement l'impasse sur In A Glass House (sans doute pour d'obscures raisons contractuelles). Cet achat, idéal pour s'initier au groupe, pourra être complété par la suite du déjà cité In A Glass House et de Free Hand : on aura ainsi à moindre frais une discothèque tout à fait honorable du groupe anglais
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