Ce matin Don José et sa tata sainte Rita sont arrivés à la maison avec Crosseyed Heart sous les bras
je viens de sortir à l'instant en slip après 10 heures d'écoutes non stop
Quinze morceaux, dont deux reprises. La majorité des nouvelles compositions est signée Richards-Jordan. Y’a pire pour patienter, en attendant un nouvel album des Stones…
Keith ne nous avait rien offert au chant depuis Losing My Touch, en 2002 sur Forty Licks. Il tient le manche et plus encore, basse, piano, avec ses fidèles amis Aaron Neville, Steve Jordan, Waddy Wachtel, Blondie Chaplin et Bernard Fowler. Et Bobby Keys sur deux titres. Entre rock, reggae, ballade, entrons dans le vif du sujet.
L’ambiance générale de l’album est dominée par un recyclage de tout ce que Keith a pu composer en open de sol depuis 1971…
Crosseyed Heart
Soyons rassurés, ça commence bien. Un blues acoustique, Keith, tout seul, nous régale. Trop court, ça sent l’impro, Keith termine d’ailleurs par « That’s all I got ».
Heartstopper
Rock rapide, ou lorsque les couplets de Can’t Be Seen rencontrent le refrain de Sweetheart Together. La voix est grave et suave.
Amnesia
Un rock mid tempo vraiment très peu inspiré. Des empilements de guitares comme Keith les affectionne mais qui manquent définitivement de liant. Bobby Keys est crédité au sax et on a eu bon ouvrir les esgourdes au maximum, on le cherche encore.
Robbed Blind
La première ballade, bien joli titre aux couleurs country, guitare sèche et pedal steel de sortie.
Trouble
Le premier single sorti pour la promo de l’album. Riffs efficaces et tranchants.
Love Overdue
Reprise du Jamaïcain Gregory Isaacs, dont l’essentiel de la carrière s’est étalée de 1968 à 1983. C’est un reggae, évidemment. Et on sait combien Keith prend du plaisir à jouer cette musique. Steve Jordan se révèle d’ailleurs un bien meilleur batteur de reggae que Charlie Watts.
Nothing On Me
Un autre titre trop construit sur un simple accord en open de sol, sans mélodie marquante. On le sauvera pour ses paroles savoureuses. Comme quoi on peut être un vieux briscard de 71 ans (et demi) riche à millions et continuer à dire “fuck the police”.
Suspicious
Nouvelle ballade mid tempo plutôt bien construite et agréable.
Blues In The Morning
Un blues rapide, façon I Could Have Stood You Up, avec Bobby Keys.
Something For Nothing
Ça démarre façon gospel. Ce morceau rock mid tempo aurait très bien pu se retrouver sur le prochain album des Stones.
Illusion
Nouvelle ballade, en duo avec Norah Jones, qui co-signe le morceau. Pino Palladino à la basse. La mélodie rappelle Almost Hear You Sigh et le riff d’intro au piano est exactement celui de Baby Break It Down.
Just A Gift
Une autre ballade, jolie, mais peut-être une de trop sur l’album.
Goodnight Irene
Très belle reprise de Leadbelly, trop méconnu bluesman à qui l’on doit pourtant les très connus Where Did You Sleep Last Night ou encore Black Betty. Pas de fioriture, du bon blues à l’état pur, Keith aux guitares, Jordan aux fûts, Blondie Chaplin et Bernard Fowler aux choeurs. Eric Clapton ou encore Ry Cooder s’étaient déjà fait plaisir en reprenant ce titre sur scène.
Substential Damage
Ça démarre par le riff de la deuxième partie de Can’t You Hear Me Knocking croisé avec celui de Monkey Man ! Puis ça sent la jam, ça prend bien et ça donne un bon truc. Pierre de Beauport à l’acoustique.
Lover's Plea
Une dernière ballade aux accents Stax, à la Otis. Une bonne fin pour un album qui, s’il sent le réchauffé, n’en reste pas moins rigoureusement indispensable.