LIZZY RIDERS : St Ouen l'Aumone, Place des Motards, 16/4/16
Aller écouter de la musique lizzienne au fin fond du Val d'Oise, département que j'ai bien connu en des temps immémoriaux, enfin du moins, pour moi, pourrait s'apparenter à une sorte de "chemin de foi", une foi inébranlable et ce, depuis toujours, depuis le temps où courant 1979, j'ai posé le mythique Live And Dangerous sur le vieil électrophone RADIOLA qui doit aujourd'hui prendre la poussière quelque part chez ma maman.
Lizzy Riders s'acquitte de cette tâche depuis un certain nombre d'années et j'avais donc promis à Erick que je sillonnerais la région parisienne en Punto (vous savez, l'espèce de bagnole de couleur verte qui nous a transportés en famille en Irlande, il y a de cela 2 ans). Le groupe est composé de Dragi au chant, d'Erick à la guitare, de Hervé à l'autre guitare, de Franck à la basse et de Jean-Yves à la batterie, ce dernier ayant sévi, il y a quelques années au sein de Live And Lizzy, autre excellent tribute lizzien que j'avais pu voir à de nombreuses reprises.
La Place des Motards est initialement un bar pour bikers situé dans le Parc d'activités des Béthunes à St Ouen l'Aumône. Quand on arrive là, ce n'est pas très rassurant car tout est presque éteint. Je finis par apercevoir la façade (enfin ce qui semble être une façade) de la Place des Motards qui, étrangement semble fermée. J'ai même pensé que le concert était annulé. En fait, on y accède par l'arrière, on traverse une sorte de grand hangar qui pourrait serait idéal pour réparer des bécanes et donc la salle est juste à gauche.
Il est 21h10 lorsque je gare la Punto avec au loin les accords très reconnaissables d'Emerald qui viennent me chatouiller les oreilles. Fait chier, j'ai loupé Jailbreak. Le groupe semble parti pour respecter le tracklisting de Live And Dangerous puisque suivent Southbound (pas souvent interprété live par Thin Lizzy voire jamais par la suite) et Rosalie, l'incontournable reprise de Bob Seger. Les Lizzy Riders, dans l'interprétation de ces morceaux souvent complexes, sont bien dans le ton et maîtrisent parfaitement leur sujet avec un Dragi dans une forme vocale olympique, un Erick, un Hervé qui nous gratifient de magnifiques soli, un Franck sérieux comme pas un et bien concentré sur les parties de basse lynottiennes et pour finir un Jean-Yves déchaîné sur son kit de batterie. On se demande d'ailleurs s'il (le kit...) va tenir jusqu'au bout.... Pas évident lorsque le quintet attaque Warrior dans une version très respectueuse de l'originale et donc forcément survitaminée. Dragi pose magnifiquement sa voix sur ce titre ô combien complexe soutenu par un groupe dont les seuls mots d'ordre sont cohésion et efficacité. Still In Love With You, ZE ballade de Lizzy, calme le jeu de fort belle façon pour repartir sur un Johnny The Fox Meets The Weed particulièrement groovy et percutant à souhait. Ca déchire grave. Les amis, y avait quoi à bouffer à la Place des Motards ? Du chili con carne dans lequel on aurait laissé tomber par inadvertance toute une palette de piments ? Tout le monde sait que Dragi avec ses faux airs du regretté Jean-Pierre Coffe est un fin gourmet.................................................. de musique lizzienne. Il y a du talent chez ce chanteur. Parce que là, une version comme celle-là, ça m'a littéralement scotché. Tout comme Dragi qui m'en parlera à la pause, il y a dans Got To Give It Up une émotion palpable quand on connaît l'issue fatale du grand Phil, une version touchante nous a été proposée hier soir et les quelques spectateurs, présents hier soir, l'ont, j'en suis sûr, ressenti ainsi. La fin de première partie du set va s'avérer être énorme. On balance un Are You Ready en pleine face enchaîné de fort belle façon à un Genocide interprété uniquement sur la tournée Chinatown. Sa rythmique de plomb cloue la modeste assistance sur place. Je ne sais pas comment fait notre Jean-Yves pour distinguer ses futs avec ses longs cheveux dans les yeux mais en tout cas, ça bastonne sévère notamment sur le lancinant passage répétitif où Dragi martèle sans faiblir "The Killing Of The Buffalo". Une bien belle surprise de la part des Lizzy Riders qui osent prendre des risques en s'attelant à des titres moins connus du répertoire lizzien. L'enchainement Are You Ready/Genocide, je n'en reviens toujours pas....
. Don't Believe A Word dans la foulée, met tout le monde d'accord et clôt efficacement ce premier set.
Sur le temps de la pause, Jean-Yves me rejoint et donc je prends le temps de faire connaissance avec les autres membres du groupe en l'occurrence Dragi qui m'explique comment lui est venue la passion Thin Lizzy, une discussion à bâtons rompus qui tourne autour des morceaux qu'ils aimeraient interpréter ou qu'ils interprètent déjà. Hervé nous rejoint peu de temps après. Un pur moment de convivialité. Vraiment.
La deuxième partie du set démarre sur le mid-tempo Waiting For An Albi, Erick et Hervé se délectant l'un et l'autre dans l'interprétation des passages de twin guitars. S'enchaînent alors Suicide et Bad Reputation prolongé du furieux solo de batterie exécuté par un Jean-Yves en état de grâce....Sa batterie, il la "cuisine" avec application, avec tendresse, allez, osons l'écrire, AVEC AMOUR....
En attendant, le kit lui, il souffre....Epuisé qu'il est le Jean-Yves à l'issue de sa performance, on lui donne donc l'opportunité de "se reposer" sur The Sun Goes entamé par la basse vrombissante de Franck et chanté avec émotion par Dragi. J'attendais la montée de voix sur "Won't someone save us sinners ?" et je l'ai eue....Renegade délivrée version Life que je viens de réécouter (à savoir avec la longue intro à la basse exécutée par un Franck très concentré) résonne dans la salle et là, je suis content parce que notre ami Hervé joue quelques temps plus tard les deux petites notes très mélodiques juste après le passage basse/batterie que l'on trouve par contre sur la version studio....Il m'en faut peu mais moi, je suis content.....
Malheureusement, toujours d'actualité, Holy War, extrait de Thunder And Lightning que présente Dragi avec gravité, dénonce le fanatisme religieux sous toutes ses formes. La basse rumine, la batterie turbine, les guitares fulminent et le chant culmine offrant ainsi un rendu tout à fait fidèle à l'original. Morceau ô combien difficile à interpréter, ce Holy War avec son rythme chaloupé voire syncopé...Lizzy quoi....
Impossible de faire l'impasse sur The Boys Are Back In Towm, "l'hymne lizzien" par excellence, hymne qui nécessite un débit de parole particulièrement élevé et là, pour le coup, Dragi s'en tire particulièrement bien. Y a pas à dire, c'est magnifiquement interprété. Le public reprend le refrain. Bref, tout le monde est heureux....J'adore Opium Trail. Fait partie de mes morceaux préférés avec Emerald, Massacre et Black Rose. Une très belle interprétation soit dit en passant....Eh oui, on a toujours droit aux classiques lizziens, là au moins, on a un tribute band qui s'aventure, prend des risques (Genocide, Opium Trail et Johnny The Fox Meets Jimmy The Weed), bref qui fait plaisir aux fans......Ca "envoie également du pâté" sur Baby Please Don't Go, morceau ultra rapide qui est expédié en mode TGV Paris-Lyon...Pause nécessaire de quelques minutes car le quintet s'est bien donné jusque-là.
C'est ensuite un Whiskey In The Jar enjoué qui nous est proposé et bien évidemment, on ne peut pas y couper, Dragi nous exhorte à participer activement sur le refrain, titre au terme duquel il nous demande quelle chanson, nous voulons entendre. Black Rose remporte la palme.
Il n'y a pas plus belle conclusion que Black Rose. Une version haute en couleur autant le dire, les deux guitaristes se livrant une bataille de riffs celtiques incisifs qui s'inscrivent dans la gradation dramatique de ce morceau. Bravo !!!!!!
Tout le monde pense qu'il s'agit là du terme de ce superbe concert mais non....Après la célébration très brève de l'anniversaire d'une jeune femme, le groupe se lance dans une version dépouillée de Sarah, tellement dépouillée que Dragi en oublie les paroles, les autres sont goguenards face à la situation.....
Situation cocasse, vous en conviendrez. Les Lizzy Riders ne font que maintenir cette musique en vie, un héritage certes lourd à porter mais reconnaissons que dans ce domaine, ils tiennent la "Dragi haute".....