Daniel Lanois et ses amisTHIERRY COLJON
jeudi 10 septembre 2009, 10:13
Le
coproducteur de U2, ami de Bono, Eno et Bruni, revient à Bruxelles pour
un concert unique avec Trixie Whitley.Il nous détaille sa vie
trépidante et ses nombreux projets Un nouveau look de gourou pour l’ami des plus grandes stars du rock.
d.r.
Avec
son look barbu de petit-cousin de Fidel Castro, comme il nous l'avoue
lui-même, Daniel Lanois ressemble de plus en plus à un gourou. On peut
le voir ainsi, sur Youtube, dans une vidéo rencontrant beaucoup de
succès. Il y dirige, en studio, la session de l'inédit « I'd rather be
blind », en compagnie de Trixie Whitley (la fille de feu Chris
Whitley), au chant et à la guitare, et de Brian Blade à la batterie. Le
producteur de U2 nous a parlé de ce nouveau projet lors d'un passage
éclair à Bruxelles.
Vous voilà un artiste Youtube, maintenant ?C'est
fou. Plus de 40.000 personnes ont vu cette vidéo qui a été réalisée en
une seule prise, en noir et blanc, au studio, par un ami photographe
canadien qui me suit partout. C'était expérimental en plus. On répétait
pour une invitation à la Berklee School de Boston. J'ai appelé Trixie
et Brian qui m'ont rejoint et on a essayé cette chanson que j'avais
écrite. Je crois que c'est le côté réaliste qui est fascinant. Avec une
très belle image. C'est comme ça que tout a commencé. De fil en
aiguille, j'ai écrit de quoi faire tout un album avec ce nouveau groupe
que j'ai appelé Black Dub. À Bruxelles, Trixie chantera six nouvelles
chansons et sera membre du groupe pour le reste du concert qui
n'oubliera pas mes anciens titres.
Son père, Chris, était un vieux pote à vous ?J'ai
connu Trixie à l'âge de 2 ans. J'étais très proche de son père, oui. Je
l'ai vue grandir. Elle a une voix fantastique en plus d'être quelqu'un
de très bien. Elle écrit aussi ses propres chansons.
À quand cet album de Black Dub ?Je
pense que ce sera pour février. Black Dub est un quartet, avec mon
fidèle Daryl Johnson. Mais pour le moment il ne peut sortir des
Etats-Unis, il est en liberté conditionnelle. Il aura un remplaçant à
l'AB.
Parallèlement à votre carrière de
chanteur, vous continuez à produire, avec Brian Eno, les albums de U2.
C'est comme une rente viagère, pour vous…On appelle Brian le
Grand Catalyseur. Il est unique pour lancer les choses de grand matin
et amener des idées tard le soir. Retrouver Bono et toute la bande est
chaque fois un vrai plaisir. Ça revient dans ma vie comme une saison,
comme chaque printemps. Brian et moi, on jouit vraiment de cet appétit
des débuts qu'a su préserver U2. Ils veulent toujours tenter de
nouvelles choses. C'est un vrai bonheur pour un producteur de
travailler avec des gens qui veulent encore réinventer le rock'n'roll.
À une époque, vous aligniez les productions les plus prestigieuses, pour Dylan notamment. Moins maintenant…Je
suis toujours fort sollicité. J'ai d'ailleurs produit récemment un
chanteur nommé Rocco DeLuca. Mais je prends aussi de plus en plus de
plaisir à jouer de la guitare. Donc, je joue le plus possible sur
scène. J'aime le travail de studio mais j'ai besoin de la scène pour
garder, en studio, une certaine fraîcheur.
« Acadie », votre premier album, a vingt ans…C'est
un grand souvenir. J'aime les histoires racontées par ce disque.
C'était un vrai disque solo. Aujourd'hui, je suis plus dans un esprit
collectif de partage et d'expérimentation. Peut-être que dans un album
ou deux, j'irai à nouveau m'enfermer dans une cabane au nord du Canada
pour écrire des chansons sur le sirop d'érable.
Où vivez-vous maintenant ?J'ai
un nouveau studio à Toronto. Et j'ai gardé celui de East L.A. J'aime
ces endroits pour leur scène musicale très vivante. Puis je suis aussi
souvent dans ma maison en Jamaïque, en pleine nature. Mais c'est vrai
que deux studios, c'est peut-être un de trop. Mes bureaux et mon staff
sont à Toronto, dans un ancien temple bouddhiste dont j'aime l'esprit
et l'ambiance, avec un feu ouvert. On peut enregistrer, filmer…
Pourquoi ce concert à l'AB ?J'avais
accepté il y a six mois une invitation en Pologne où je ne suis jamais
allé. Tant qu'à faire, j'ai appelé Teddy, mon agent belge pour voir
s'il pouvait ajouter une date, puis on rentre à LA pour deux concerts
en octobre. Ce n'est donc pas une vraie tournée.
Avez-vous des nouvelles de votre amie Carla Bruni ?Elle
m'a appelé il y a quelques mois pour qu'on fasse quelque chose ensemble
à la nouvelle année. Elle veut venir à L.A. pour réunir quelques
artistes, pour un concert de charité. Ce serait bien de le faire. Je
l'adore. J'ai l'impression qu'elle veut, plus que jamais, faire de la
musique.
Avez-vous d'autres projets ?Je
reçois toujours des coups de fil pour de beaux projets mais je n'ai pas
toujours le temps. J'ai tout de même accepté de rejoindre Robert Plant
et Alisson Krauss pour une semaine d'expérimentations, fin septembre.
Je ne sais pas ce qui sortira de cette séance de test. Il va falloir
que je me mette sérieusement à la guitare